Katerina Christidi, Catherine Geoffray, Camille Grosperrin et Pascal Teffo
Commissaire d’exposition Juliette Fontaine
Exposition du 10 mai au 6 juin 2021
20, coursive Georges Méliès, 93300 Aubervilliers
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Extrait du dossier de presse
Qui n’a jamais connu ou pressenti le plaisir de dessiner ? Ne serait-ce que celui de crayonner une ligne même fragile sur le coin d’une feuille de papier, ou celui de griffonner une forme chétive et aussi frêle que le geste non affirmé qui l’aurait ébauchée ? Dessiner, c’est la délectation de tracer, de croquer sans encore figurer, c’est le délice de traverser l’espace, de biffer le vide pour le rendre visible. Lorsque l’on dessine, on ne cherche pas tant à représenter mais on désire l’avènement d’une forme. On guette son impulsion, sa boursouflure, on piste son soulèvement, on épie son élaboration plus que son aboutissement. Et dans le dessin achevé, c’est encore un élan qu’on désire éperdument, une source vivante, un recommencement possible. La promesse d’un soubresaut, d’une aurore, d’une feuillaison. (…)
Un des axes majeurs de cette exposition est donc le dessin, et plus ouvertement, la ligne. Même la présence de sculptures restent fidèle à cette idée car ces dernières sont le résultat d’un travail de courbes, de sillons, de veinures, ce ne sont pas des formes surgies des écorchures de la matière et il n’y a aucune empreinte de la main à leur surface. Toutefois le dessin n’est pas à prendre comme une thématique de l’exposition, cette posture serait beaucoup trop restrictive, scolaire. Le propos se veut plus libre et fluctuant car tout dépend de ce que nous entendons par dessin. Pour ma part, il s’agirait presque d’un mouvement vers. Ce mouvement énigmatique par lequel un artiste est amené à dessiner mais aussi le mouvement par lequel notre regard, notre pensée, notre sensibilité répond à celui dont la trace s’est déposée sur le papier. Nous gageons que ce mouvement est celui d’un plaisir éprouvé autant par le dessinateur que par celui qui le regarde. Bien davantage, nous parions que ce plaisir est intrinsèque au dessin parce que le dessin est une prise de liberté, une libération : celle de l’accès à la forme. (…)
Aussi, le titre Les Corps purs est à prendre dans son sens scientifique en évoquant une substance qui n’est composée que d’un seul type d’élément chimique. Chacun des artistes exposant travaille avec un unique médium. Katerina Christidi dessine sur de la toile au fusain souvent de très de grands formats. Catherine Geoffray dessine ses rêves avec un stylo à bille et sculpte de petites formes hybrides en une pâte céramique cuite sans glaçure d’un aspect mat. Avant et pendant la réalisation d’un de ses films, Camille Grosperrin dessine à l’encre de Chine des schèmes narratifs tout en finesse. Quant à Pascal Teffo, graveur dans l’âme, il dessine à la mine de plomb des univers telluriques, des géographies presque cosmiques.
Juliette Fontaine, Aubervilliers, avril 2021